18 septembre
Blocage de l'autoroute A1
Question d'actualité au gouvernement n° 0563G de M. Jacques Legendre (Nord - Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 18/09/2015 - page 8423
Jacques Legendre. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Nous avons tous été émus par le drame qui s'est produit à la fin du mois d'août dans un camp de gens du voyage à Roye, dans la Somme, et qui a coûté la vie à trois personnes de cette communauté, abattues par un forcené, et à un gendarme qui tentait de s'interposer.
Mais l'émotion ne peut pas excuser les incidents qui ont suivi, à l'occasion de l'enterrement des victimes.
Parce que la justice n'avait pas autorisé deux parents des victimes, condamnés à de la prison, à assister aux obsèques, des membres de cette communauté ont coupé le 28 août l'autoroute A1, Paris-Lille, dans les deux sens, causant d'importants dégâts à la chaussée et provoquant cinquante kilomètres de bouchons sur l'A1, l'A16 et l'A29, pendant des heures en cette soirée de grand retour de vacances.
Sur ordre du préfet, la gendarmerie n'est pas intervenue et n'a procédé à aucune interpellation. Quant à la cour d'appel, elle s'est réunie en urgence pour revenir sur la décision du juge de l'application des peines et autoriser les personnes incarcérées à assister aux obsèques.
Voilà qui soulève bien des questions. Pourquoi la justice a-t-elle refusé ce qu'elle a ensuite accepté en urgence ? Pourquoi les forces de l'ordre ne sont-elles pas intervenues alors qu'il y avait un trouble manifeste à l'ordre public ? Quel est le coût de cette affaire ? Qui va payer les travaux de remise en état de l'autoroute ? Qui va compenser les pertes de recettes subies par la société concessionnaire ?
le Président de la République, interrogé à ce sujet, s'est déclaré « profondément désolé » pour les désagréments causés et a déclaré ne pas vouloir mettre en danger les forces de l'ordre. Nous le comprenons bien. Mais cet aveu de faiblesse est tout de même très inquiétant. Il rappelle la choquante mansuétude dont bénéficient les zadistes de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique, où plus de 200 exactions ont été commises, y compris à la fin du mois d'août, contre des gendarmes, sans véritable réaction des autorités.
Que dire aussi de la situation à Calais le 2 septembre, quand, à l'entrée du tunnel sous la Manche, un Eurostar avec 704 passagers à bord est resté bloqué de vingt et une heures trente à dix heures trente le lendemain matin, à cause de la présence de migrants sur les voies ?
Monsieur le ministre, quand l'autorité recule devant les violents, c'est la République qui s'affaiblit. Défendre le République, c'est d'abord faire appliquer la loi.
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée dans le JO Sénat du 18/09/2015 - page 8423
M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous êtes un excellent commentateur d'une situation que vous et vos amis avez contribué à créer. Quand on a supprimé pendant cinq ans quinze unités de forces mobiles et 13 000 agents, dont 7 000 dans la gendarmerie et 6 000 dans la police, quand on s'est employé, avec une méticulosité absolue, à affaiblir les forces de l'ordre, on s'abstient de donner de leçons ! Pour notre part, nous devons gérer des situations difficiles, et nous mobilisons les forces de l'ordre du jour pour y faire face ; voilà la réalité ! En outre, monsieur le sénateur, vous n'étiez pas présent sur place le soir où s'est produit ce drame. Moi si ! J'étais à l'hôpital d'Amiens, aux côtés des gendarmes, qui avaient perdu l'un des leurs. J'ai vu l'émotion parmi les forces de gendarmerie. J'ai également vu le climat d'extrême tension qui existait alors. Il est des moments où il est de la responsabilité de l'État de ne pas ajouter des morts aux morts ! Dans une situation de ce type, il faut faire en sorte d'être dans la responsabilité, et non dans l'exploitation politicienne avec des arguments populistes comme ceux que vous venez d'utiliser ! Enfin - et je vous le dis très franchement, monsieur le sénateur -, laisser croire qu'il pourrait y avoir une quelconque faiblesse de l'État sur ce sujet alors même que les enquêtes ont été enclenchées au lendemain de l'événement et qu'elles se poursuivent afin de rattraper et de punir le plus sévèrement possible les auteurs de tels actes, c'est aussi alimenter un populisme qui ne fait pas de bien à la République !