07 mai
Du 7 mai 2015
Madame le Maire, Monsieur le Maire,
En avril, j'avais rencontré Mme Aurélie CHATELAIN lors d'un Gala de Boxe Thaï à CAUDRY à l'animation duquel elle participait. Elle est morte assassinée par un supposé terroriste à VILLEJUIF. Qui aurait pu imaginer un tel drame ? Il faut regarder la situation en face : de tels actes font maintenant partie de notre quotidien.
Au Sénat, nous redoutions de tels développements. En octobre 2014 avait été constituée une Commission d'enquête sur les réseaux djihadistes et j'avais tenu à en faire partie. Notre travail avait donc commencé avant l'affaire "Charlie" et a nécessité de nombreuses auditions. Nos conclusions ont été communiquées au Gouvernement pour qu'il en tienne compte dans la préparation des nouvelles mesures de sécurité. Un rapport reprenant les informations non confidentielles recueillies par la Commission a été publié au Sénat. Je le tiens à votre disposition.
Je participe aussi actuellement à une autre Commission d'enquête portant sur les difficultés rencontrées par l'Ecole et les enseignants pour faire apprendre et respecter les valeurs de la République. Pourquoi des adolescents sont-ils tentés de quitter notre pays pour aller risquer leur vie pour une cause qu'ils connaissent souvent très mal. Que faire pour les en dissuader ? Nous multiplions actuellement les rencontres et visites d'établissements. C'est ainsi que nous avons récemment visité des établissements de LILLE et de son agglomération. Un rapport sortira en juin. Je le tiendrai aussi à votre disposition.
La Commission des Affaires Etrangères et de la Défense, où je siège maintenant, veille particulièrement sur les moyens budgétaires de la Défense. Dans un précédent courrier, je vous avais fait part de notre inquiétude devant un budget de la Défense insincère et le risque réel de voir notre armée privée de matériels essentiels pour la réalisation des nombreuses missions, intérieures et extérieures, que lui assigne le Gouvernement. Il a fallu la tenue d'un Conseil de Défense pour que le Président de la République lui-même annonce solennellement des décisions financières en effet indispensables. Je m'en réjouis mais il nous faudra continuer à veiller de près à l'application réelle des mesures annoncées.
Ceci n'empêche pas le même Gouvernement de mobiliser des forces de police et de gendarmerie déjà surmenées pour des tâches qui semblent vraiment dérisoires. Comme les autres parlementaires de l'arrondissement, j'ai appris avec colère et stupeur qu'un teknival, festival de musique techno, serait, comme en 2013, organisé avec le concours des moyens de l'Etat sur le terrain de l'ex-base aérienne 103 de CAMBRAI.
Nous avons été prévenus trois jours avant l'évènement, décidé sans la moindre concertation ou étude de site ; alors que sur le même terrain le même Etat exige un an pour étudier l'état de la faune, de la flore et des sols avant toute réalisation de caractère économique. Est-il acceptable que 1 500 personnes (policiers, gendarmes, pompiers, secouristes) soient mobilisés pour permettre la tenue d'une fête qui est aussi un lieu où circulent des substances interdites ? Est-il acceptable que l'Etat se rendre complice de cette situation ? Je ne manquerai pas d'interpeller le Ministre de l'Intérieur sur cette affaire que je désapprouve absolument.
Le mécontentement qui grandit dans le pays s'est traduit dans le Nord par un bouleversement profond du paysage politique. Le nouveau Conseil départemental du Nord, que préside mon ancien collègue au Sénat, M. Jean-René LECERF, va avoir la lourde tâche de gérer au mieux une collectivité qui n'a plus d'argent et n'est pas encore exactement informée de sa mission future. Je vous ai fait parvenir le texte du projet de loi "NOTRe", Nouveaux territoires de la République, tel qu'il est sorti des travaux du Sénat. Il appartient maintenant à l'Assemblée nationale, dont le Gouvernement maitrise la volonté en recourant au 49-3, d'arrêter sa position définitive. Nous saurons seulement alors le rôle exact des Conseillers départementaux qui viennent d'être élus et celui des conseillers régionaux que nous élirons en décembre prochain.
Nous saurons aussi si l'Etat persiste à amoindrir le rôle des communes - ce qui serait une faute très grave- et s'il se décide enfin à protéger la ruralité, durement malmenée avec la création des nouveaux cantons. Il faut l'espérer car c'est la seule façon de redonner envie de voter à des électeurs désemparés par tous ces changements et toutes ces incertitudes.
On parle beaucoup des valeurs de la République. C'est un signe inquiétant. Cela veut dire que ces valeurs sont de moins en moins comprises et admises. Nous traversons une crise économique et sociale. Elle devient une crise politique et morale. Comme l'a dit mon ami Gérard LARCHER, Président du Sénat, qui vient de l'écrire au Président de la République, un des derniers piliers solides de notre démocratie est constitué par ses élus locaux, véritable infanterie de la République. Plus que jamais, il me semble qu'il faut éviter les polémiques stériles, la course à l'audimat, aux médias et travailler concrètement à partir du réel pour être à la hauteur des attentes de la France.
Je vous assure, Madame le Maire, Monsieur le Maire, de mes sentiments les meilleurs.
Jacques Legendre